Lorient a décroché une victoire au bout du suspense, une victoire arrachée dans la dernière seconde, une victoire qui a fait vibrer toute la salle autant qu’elle a mis les nerfs des supporters à rude épreuve. Car à trois secondes du terme, personne n’aurait pu prévoir l’issue de ce match. Les cardiaques ont dû s’accrocher tant la fin de rencontre fut irrespirable. Et avant toute chose, il faut saluer Poissy, un adversaire qui a joué sans relâche, sans jamais lâcher prise, et qui a poussé Lorient dans ses derniers retranchements.
On dit souvent que seule la victoire est belle. Certes. Mais ce soir, elle a été dure, très dure à aller chercher. Le Cep Lorient, fidèle à son habitude, a démarré le match lancé à pleine vitesse, prenant rapidement treize longueurs d’avance. Mais une fois ce premier quart-temps bouclé, l’équipe s’est comme figée. Poissy, patient et appliqué, a grignoté l’écart, possession après possession. Incapables de tuer le match, les Lorientais se sont retrouvés à livrer un combat acharné face à une équipe déterminée. C’est sans doute désormais le lot d’une formation de haut de tableau : être attendue, ciblée, bousculée. Poissy l’a parfaitement compris et a joué son va-tout jusqu’au bout, au point de prendre l’avantage dans le money-time. La bascule finale, elle, restera dans les mémoires : Kevin intercepte une passe mal ajustée, file seul au panier et marque dans la dernière seconde. Explosion générale. Cette action héroïque doit cependant servir de rappel : Lorient n’est pas infaillible, et seule une défense solide permettra de maîtriser les assauts adverses. Ce soir, justement, la défense lorientaise a parfois laissé de grandes brèches à une équipe battue de 19 points à l’aller. Et l’attaque, elle, a montré ses difficultés face à la défense de zone adverse. Les artilleurs longue distance, si tranchants en début de saison, se sont fait rares. Le CEP, tétanisé en seconde période, a peiné à déclencher des tirs extérieurs. Poissy l’a vite compris et a verrouillé la raquette, obligeant Lorient à s’en remettre à des exploits individuels, notamment de Kevin et Tommy, tous deux précieux.
Alors, que s’est-il passé ? Si Lorient l’a finalement emporté, c’est sans doute aussi grâce au soutien inconditionnel d’un public en fusion. Kervaric a porté son équipe, l’a poussée dans les derniers instants, l’a aidée à aller chercher cette victoire pourtant vacillante. « Merci à vous, public. Merci à vous, chaleureux supporters », pouvait-on entendre après le match. Interrogé, Frédéric Casanova résume : « Kevin nous sort la tête du seau », avant d’ajouter que gagner un match est, en ce moment, très compliqué. Kevin confirme : « La dynamique est bonne à l’entraînement, mais ce soir, l’essentiel était la victoire. On ne produit pas un beau basket, ce sont des choses à travailler individuellement et collectivement. En tant que leaders, on essaie de pousser le groupe vers le haut. Une défaite aurait pu relancer une spirale négative après nos deux précédents revers. Gagner ce soir fait doublement plaisir, surtout devant un Kervaric en feu ». Frédéric évoque ensuite « le syndrome des dix points » : dès que Lorient mène d’une dizaine de longueurs, l’équipe se crispe, arrête de jouer, ne passe plus, laisse l’adversaire reprendre confiance. Kevin reconnaît le constat mais nuance : « Il faut trouver les recettes pour tuer le match quand on est dans cette situation. On doit retrouver la dynamique du début de saison ». Quant au statut de favori, Kevin est clair : « Lorient est devenu une équipe à abattre. Les adversaires viennent pour faire des coups, certains joueurs veulent se montrer. C’est difficile, mais c’est aussi une bonne chose : cela nous oblige à révéler le meilleur de nous-mêmes. »
Mohamed, lui, constate les deux visages de Lorient mais n’a pas d’explication : « Il faut travailler, se remobiliser, retrouver le plaisir de jouer ». Enfin, l’entraîneur Pascal Thibaud admet le manque de logique entre les deux périodes : « Nous avons perdu cette dimension de rouleau compresseur. Notre jeu manque de fluidité, d’efficacité. Cela fait un mois que nous connaissons des difficultés à l’entraînement. Ce n’est pas une excuse, mais cela explique le contexte. Il faut retrouver l’exigence, le goût du travail et la régularité pour regagner la confiance. Aucun match n’est facile. À nous de bien nous préparer pour la suite. »
Score par période : 21-12, 18-22, 21-17, 17-24
Evaluations collectives 88 / 78
